Le jour où je suis passée au flux libre instinctif

Cet article, ça fait un moment que je voulais l’écrire. 

Je fais partie de cette génération tabou, qui ne parle pas de ce « genre de choses ». Comme si c’était honteux. Avec le temps, les années, ma vision des choses a énormément évoluée et je me suis repositionnée sur bon nombre de points. 

Les règles faisaient justement partie de ces sujets dont on ne parle pas. Acheter des tampons était souvent lié à de la gêne.. Et pourtant, c’est normal et cela fait partie intégrante de la vie d’une femme. 

Je n’ai jamais été une adepte des serviettes hygiéniques que je trouve inconfortables, et ai de ce fait toujours porté des tampons, depuis le tout début de mes règles. 

Je n’ai jamais eu autrement de soucis avec ça. J’aurais même pu continuer des années si les récentes publications concernant le syndrome du choc toxique ne m’avaient pas fait remettre en question 20 années de pratique.

J’ai testé la cup aussi. Mais j’ai lu que ce n’était pas si clean que ça d’enfermer le sang, propice lui aussi a développer tout un tas de bactéries. Qui plus est, j’avais lu que l’effet « vacuum » en le retirant pouvait déplacer un stérilet et le rendre de ce fait moins efficace… Autant vous dire que la phase cup n’a durée que quelques mois seulement.

Et puis il y a deux ans, j’ai entendu pour la première fois parler du flux libre instinctif, ou continence menstruelle. Je trouvais ça un peu dingue quand même. Comment était-ce possible que ça existe mais que personne n’en parle? 

Ces 3 dernières années, j’ai entrepris énormément de changements dans mon quotidien. Liés à des soucis de santé, à l’envie de plus de naturel et de simplicité. Plus envie de maltraiter mon corps avec des « innovations » remplies de cochonneries. Et cette réflexion est aussi passée par ce qui se déroulait à l’intérieur de mon corps. 

En début d’année, en plein dans cette recherche de renouveau, je suis tombée sur le témoignage d’une maman dont la fille est décédée suite au syndrome du choc toxique lié aux tampons. Etant maman, j’ai d’abord pensé à ma fille, et aux risques qu’elle allait courir plus tard si elle aussi prenait le chemin des tampons. 

L’alternative des serviettes ne m’a même pas effleuré l’esprit, et c’est tout naturellement que j’ai repensé à cette histoire de flux libre instinctif.

Je m’en souviens comme si c’était hier… Je prenais ma voiture pour un rendez-vous à Lausanne, et j’ai pensé que c’était le moment parfait pour écouter un témoignage sur YouTube qui parlait de ça.

Et ça a été le déclic. Une révélation! J’ai pour commencer, appris énormément de choses. Par exemple, lors de chaque cycle menstruel, une femme ne va perdre qu’une tasse à expresso de sang. Je généralise évidemment car on est pas toutes pareilles et certaines qui souffrent de certaines maladies ne perdront bien sûr pas les mêmes quantités de sang… Toujours est-il qu’une tasse à expresso c’est de loin pas autant que ce que j’avais en tête…. 

Et puis, le sang va être « expulsé » par cycle. Il ne coule pas en continu. Ça non plus, je ne le savais pas. En fait, lors de chaque contraction utérine, il y aura une petite quantité de sang qui sera expulsée dans les 20-30 minutes suivantes. 

Enfin, le dernier élément qui m’a donné envie de me lancer, c’est de se dire que bébé, nous avons appris à nous passer des couches. C’était un apprentissage long certes, mais inévitable! Alors pourquoi est-ce que les règles seraient différentes? Comment faisaient les femmes avant?

Ces trois points ont été le déclencheur de vouloir moi aussi pouvoir me libérer de ce qui m’avait été imposé dès l’adolescence. 

Tu as tes règles, tiens: protèges toi. Et bien non, je n’ai plus envie de subir mes règles. 

QUELQUES INFORMATIONS

J’ai reçu énormément de questions sur Instagram. Je vais tâcher d’y répondre au mieux, mais sachez qu’il s’agit de mon propre témoignage. Chacune aura une expérience sensiblement différente comme dans tout nouvel apprentissage. 

Pour information, cela fait maintenant 8 ans que je porte un stérilet cuivre. Mes règles sont très régulières, et depuis que je ne prends plus d’hormones de synthèse, je sais exactement quand elles vont arriver. 

Sachez aussi que j’ai accouché prématurément, et que j’ai eu une césarienne. Je n’ai eu qu’un enfant, et n’ai pas eu besoin de rééducation périnéale… Je ne souffre pas non plus d’incontinence et je n’ai aucun problème avec la vue du sang.

Ce sont des points primordiaux car avant de pouvoir s’auto gérer, le périnée doit être « au taquet » 😛 Donc parfois, il faudra passer par une phase de rééducation pour ensuite mettre en place le flux libre instinctif. 

MON EXPERIENCE

J’ai commencé début mars. Au début, c’était très particulier. Peur de se lever et de se retrouver couverte de sang. Ce que j’ai fait, c’est que j’ai investi dans des culottes menstruelles. J’en ai 4 que je fais tourner. C’était une excellente solution car ça me permettait de me sentir à l’aise, comme si je n’avais aucune protection, tout en étant protégée quand même. 

Au début, j’allais aux toilettes toutes les 10-15 minutes… Trop peur des taches. Et puis petit à petit, j’ai pu espacer les passages. Lors des deux derniers jours de règles, là où elles sont très légères, je faisais des tests, pour savoir combien de temps je pouvais tenir. 

Les deux premiers cycles se sont plutôt bien passés. J’étais hyper fière de moi. Je m’en sortais pas trop mal, et j’arrivais même à sentir quand je devais aller « vider » le sang. 

Il y a eu une phase de régression aussi. Le troisième et quatrième cycle ont été catastrophiques. Pas grave, car j’avais toujours mes culottes menstruelles, mais démoralisant.

Je n’ai par contre pas abandonné! Le cinquième cycle a été meilleur et cela fait deux cycles que je gère parfaitement sans même devoir laver mes culottes pendant le cycle. Parce qu’avec 4 culottes vous tenez deux jours max au début… Et aujourd’hui, je les utilise uniquement la nuit quand mon cycle est le plus fort, et le matin elles sont toujours « propres » donc je n’en aurais même pas besoin.

J’ai appris à ressentir mon corps à tel point que je n’y pense même plus. Je sens quand je dois aller aux toilettes. Et le corps a la capacité de retenir le sang, puis le « lâcher » quand vous êtes aux toilettes. Le sang est expulsé au moment ou le périnée est relâché.

Aujourd’hui, je tiens facilement 4 heures. De ce fait, je n’ai plus de soucis si je suis hors de chez moi. 

On m’a souvent demandé comment je faisais en dehors de chez moi. Mais si je pars en randonnée (là où la durée en extérieur sans accès aux wc est souvent la plus longue) et bien c’est identique aux serviettes ou tampons… Vous faites quoi si vous partez de chez vous pendant plus de 4 heures? Vous devrez de toutes façons changer vos protections… Et je peux vous garantir que le sang est plus facile à évacuer que les tampons ou autres serviettes ! Et si vraiment, j’ai toujours mes culottes menstruelles. 

Alors c’est sûr que le semi confinement m’a été d’une aide précieuse! Car j’étais chez moi, et pouvais aller aux toilettes dès que j’en ressentais le besoin. 

Je n’ai pas encore expérimenté la piscine par contre. Et je pense que dans ce cas là, je mettrais quand même un tampon… Ou je m’abstiendrais de piscine ces jours là. 

Mais pour le sport, la course, ou autres sorties au restau ou aux courses, je n’ai plus eu aucun souci. 

Je dirais même que je me sens beaucoup plus libre! Parce que je n’ai plus cette crainte de ne pas avoir de protections au cas où mes règles devaient arriver plus tôt que prévu. Et il y a un énorme sentiment de fierté, et de liberté.

Si vous deviez vous lancer, ce que je vous conseillerais dans un premier temps c’est d’écouter quelques reportages sur youtube. Ca motive d’entendre des témoignages de femmes qui sont passées par là.

Ensuite, d’investir dans des culottes menstruelles. C’est un budget mais clairement, ça en vaut la peine. J’ai des Moodz moi, que j’avais achetées suite à pas mal d’investigations sur le net. Elles étaient ressorties à chaque fois et c’est vrai qu’elles sont top!

Enfin, ne vous prenez pas la tête. Si votre cycle tombe un jour où vous avez une séance importante, une sortie, ou que sais-je, reportez votre apprentissage! Ce n’est pas du tout un souci. 

Perso, je l’ai pris comme un jeu, j’avais envie d’essayer et de voir si c’était possible. Et même si au début j’ai pas mal galéré, les fois où j’ai géré étaient une telle victoire que ca m’a motivé à persévérer. 

Et puis certaines femmes font 50% en flux instinctif libre, ou même 30% et rien que ça, c’est déjà génial. Il ne faut surtout pas que ça devienne contraignant.

J’espère avoir pu répondre à vos questions, et reste évidemment dispo pour en discuter en commentaire 🙂

VOS QUESTIONS

« Comment sait-on qu’il faut aller aux toilettes? »

Au début, on en sait rien. On y va régulièrement pour essayer de comprendre son flux, et éviter les fuites. Petit à petit, on comprend comment ça fonctionne. On apprend à « retenir », comme la vessie quand elle est pleine. Et puis on bout d’un moment, on sait instinctivement qu’il faut plus trainer. Ce n’est pas parce qu’on ressent le besoin d’aller aux toilettes qu’il faut tout lâcher et partir en courant. J’ai eu cette situation lors de mon dernier cycle. J’étais en voiture et je devais aller aux toilettes. J’ai pu faire encore 30min de route 😉 

La nuit, étrangement je n’ai jamais eu de fuites perso. Comme si tout se mettait sur pause. Dans le doute, je mets quand même des culottes menstruelles mais celles-ci sont « propres » même les matins où le cycle est le plus intense


Alors au début ce sera plus compliqué… Peut-être pas le meilleur moment pour tenter. Avec le temps, vous pouvez tenir plusieurs heures, donc ce n’est plus un souci, et si vraiment, il reste toujours les culottes pour vous dépanner 😉

Bien sur que oui! C’est comme pour la vessie! Si on boit beaucoup on devra aller plus souvent aux toilettes… C’est le même principe 😉

Bien sûr, c’est ce que j’ai et cela ne pose aucun problème.

Oui le corps retient le sang. Non, aucunes odeurs.


On fait des pauses « pipi » 😛 Et culottes menstruelles


Au début de la mise en place du flux libre instinctif, oui. Mais une fois que c’est en place, non. 

Non aucun. Je vais par contre aux toilettes juste avant ma séance et c’est bon 🙂

Ca ne m’est jamais arrivé.

Je dirais qu’il m’a fallu 10 mois pour me passer de toutes protections.


Pas spécialement non… Mais le périnée doit être tonique.


Parfois oui j’ai des fuites. Mais jamais eu de taches encore. Et ça m’est égal les fuites car elles sont souvent minimes. C’est parfois la première « goutte »…

La nuit je porte des culottes menstruelles par esprit de solidarité pour mon mari (on sait jamais :P) Mais le matin elles sont toujours propres. Quant à la piscine, jamais testé encore… Mais je pense que je porterais un tampon dans ce cas exceptionnel ou alors je m’abstiendrais de piscine ces jours là 😉

3 commentaires sur “Le jour où je suis passée au flux libre instinctif

  1. Bon et bien je vais tenter mais je ne suis pas certaine que cela fonctionne avec moi : j’ai un périné pas très costaud dans le sens où je ne fais plus de corde à sauter et que j’éternue en croisant les jambes ! Ça peut être un bon moyen de bien contracter tout ça justement… à tester, merci Harmonie 🙂
    Morgane (m_o_r_g_a_n_e_l_s)

  2. Coucou Harmonie,
    Merci beaucoup pour ton témoignage. J’en avais déjà entendu parler sans vraiment oser me lancer mais ton article et ton expérience m’ont convaincue 🙂
    Je te souhaite de joyeuses fêtes,
    Bisous
    Virginie

  3. Bonjour,
    Un commentaire pour vous dire que j’apprécie beaucoup vos articles, ils sont authentiques, à la fois dynamisant et tranquillisants. Merci pour votre partage. Cette route vers soi-même, ça fait des années que je chemine dessus et je me retrouve dans vos partages. D’ailleurs, ce genre de témoignage est important, ça permet d’aider d’autres femmes à se libérer. Encore merci !

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